mercredi 18 avril 2012

Willis Earl Beal - Acousmatic Sorcery



C'est un album avec une bonne histoire. Acousmatic Sorcery est une compilations de chansons enregistrées sur un 4-pistes par Willis Earl Beal, "songwriter".
Lofi semble un terme assez pratique pour en parler, et j'ai eu peur pendant un moment de ne trouver que ça à dire. J'adore Daniel Johnston, Sebadoh et R. Stevie Moore, et Willis Earl Beal aurait pu être un mec sonnant à ma porte avec un énorme bouquet de fleurs ayant traîné par terre pour paraître authentique. Je ne pense pas que ce soit vraiment la peine que je retrace tout le parcours du mec, cet article le fait très bien si ça vous intéresse. Suis-je juste coupable d'aimer un disque parce qu'il a une histoire? On s'en fout un peu non? D'autant que, cet album, je l'ai découvert sur un imageboard sans beaucoup de description, alors, ma première écoute, comme beaucoup de mes premières écoutes, a été sans histoire.
Mais là, ça me semble assez important à préciser : il n'est pas un précurseur. Il a le privilège de jouer avec les codes, de pouvoir tromper le public cible afin de toucher les étoiles. Mais là, il n'invente pas grand chose, et le facteur originalité s'en va un peu. Depuis Lana Del Rey et Wu Lyf, je me méfie un peu des artistes à moitié mystérieux. Je n'ai pas trop envie de m'emballer, et de commencer à aimer quelque chose jusqu'au moment où tout le monde autour de moi l'aime, puis que quelqu'un arrive et, mécaniquement, me dise tout ce qui ne va pas avec cet album. Je pense de moins en moins qu'il obtiendra vraiment beaucoup de succès, mais il a quand même un peu ce genre de profil.

Enfin. Critique :

Acousmatic Sorcery sonne un peu cassé. Je suis assez habitué au son crado des cassettes, ce n'est plus « spécial » ou original. Alors, il reste les chansons, et j'aime bien ce que j'entends.
L'album débute dissonnant, déroutant. J'avais peur qu'on se moque de moi. Après, j'ai l'impression d'écouter Robert Johnson. Après, j'ai l'impression d'écouter Sebadoh. Après, je me rends compte qu'il est assez unique. Quand il rappe, ce n'est pas si mauvais pour moi, mais je ne m'y connais pas tellement en flow, j'ai lu des articles où des gens s'en moquaient, alors je le précise, au cas où. Evening's kiss est très belle, très simple, un peu Elliott Smith-y, pourtant je ne peux pas m'empêcher de trouver ça un peu répetitif. La mélodie reste dans ma tête, me fait sentir plutôt bien. C'est une des meilleures chansons de l'album pour moi, la plus conventionnelle aussi.
Je me perds un peu dans les paroles, avec des bouts de phrases poétiques bizarrement découpées, où je peux me raccrocher, qui me font sentir à ma place dans la tête de Willis Earl Beal. Et c'est là que je me dis que la qualité des enregistrements joue vraiment en sa faveur de l'artiste. Je ne m'attends pas à un superbe album studio de sa part, je ne le vois pas écrire 1990 ou Bakesale, mais je ne sais pas ce qui arrivera plus tard non plus(1).




Par contre, cet album perd de sa saveur au fil du temps. Il s'émousse. Maintenant, je ne l'écoute plus vraiment. Mais je sais que, la première fois, cette musique a pas mal marché sur moi. Acousmatic Society ne peut pas durer. Je ne me raccroche plus à rien maintenant. Tout me semble trop creux, trop parfaitement atonal, même si certaines chansons sortent du lot (trois chansons, à la fin de l'album, me font presque revoir mon jugement : Monotony, The Masquerade et My Resignation brillent et s'enchaînent de façon assez incroyable). Alors, maintenant, je voudrais bien voir ce qu'il va se passer après. Parce que pour l'instant, c'est une compilation, plutôt décousue, avec des hauts et des bas, et peut-être pas un « vrai » album. Et il y a, pour moi, un potentiel : des mélodies parfois intéressantes, une esthétique plutôt chill parce qu'un peu fausse, et une voix que j'aime vraiment beaucoup (cette vidéo, où on le voit, devant un mur, chanter d'une façon qui semble au bout de ses capacités est plutôt fascinante).
Mais il me reste un gros doute : est-ce que cet album, au final, est un peu... chiant?

En fait, après avoir aimé puis été déçu par mon impossibilité de retrouver ce que j'ai ressenti la première fois, j'ai surtout très très envie d'écouter Fugazi.

(1) Si on l'accompagnait d'instruments bien accordés, les chansons perdraient beaucoup de saveur, et ce n'est pas quelque chose que je peux dire de Daniel Johnston ou Sebadoh. Je ne sais pas si c'est une opinion de gros con, c'est pour ça que je la mets en note.

1 commentaire:

Balance ton tchip