dimanche 15 avril 2012

Le facteur Chill & the Radioheads


Part. 1 : Radiohead

Le facteur chill, qui te fait aimer un groupe quand tu ne devrais pas et qui te fait écouter des daubes à côté de ça.

Je suis parfois coupable de télécharger des fichiers et de ne jamais les lancer. Pourtant, un film de merde, je le regarde instantanément. C'est toujours une impulsion, que je n'ai pas pour des oeuvres "importantes" que je me mets parfois à aimer très fort, sans prévenir. Aussi, j'achète des livres, et je ne les lis pas pendant très longtemps.

Mais la musique, c'est totalement différent. Parfois, je vois des articles sur des groupes que je pourrais aimer, et je ne m'en occupe pas. Je les mets dans une liste en pensant que je les oublierais un jour. Je me dis : ce n'est pas pour moi, je n'ai pas envie de m'identifier à tous ces gens là, il y a plein de choses à découvrir à côté. Pourtant parfois, je pioche dans la liste. Et c'est comme ça que j'ai écouté le dernier album de Grimes. Je ne la connaissais pas avant, on en parlait trop à mon goût, et ce n'est pas vraiment chill selon mes standards d'aimer ça. Et puis bon, quoi, il n'y a pas si longtemps je n'aimais pas trop Jeffrey Lewis, parce qu'il était trop fait pour moi, quirky et émotif. Toujours est-il qu'avant-hier j'ai acheté le dernier Jeffrey Lewis, et le dernier Grimes, et tous les deux sont fantastiques de deux façons différentes.

En haut de la liste se trouve Radiohead, que je suis à la fois très tenté d'aimer et de détester. Ce n'est pas du snobisme que de dédaigner un groupe en ne sachant pas pourquoi, ça n'a aucun sens ce genre de terme, il n'y a pas de gens snobs, ça n'existe pas dans mon monde, il n'y a que des gens comme moi qui n'aiment pas un groupe parce qu'ils n'ont pas envie d'aimer un groupe qui, au fond, est un peu énervant. Ça ne fait pas de moi de l'avant-garde, ni de l'arrière-garde, mais ça me met en marge, de la même façon que de ne pas regarder Bref me met à l'écart d'une conversation.
Quand j'aime un artiste, j'aime bien le comparer aux personnes que j'ai connue au collège. Radiohead c'est un peu un camarade de classe avec qui je n'ai pas envie d'échanger alors qu'on a été assis côte à côte pendant deux trimestres. Et c'est bientôt la fin de l'année, on ne s'est jamais parlé, puis je l'oublie. Et en ce moment, je me rappelle de lui, je me souviens qu'il a existé, et je n'oublierais jamais qu'il existe, parce qu'au lycée, une redoublante lesbienne adorait Radiohead et je le sais, parce que je l'ai doucement stalkée (je ne comprends plus mon analogie, c'est terminé, je pourrais dire que U2 fait du Rugby ou que Genesis mange de la terre).




La musique est à la fois quelque chose qu'on a pour soi et qui reflète l'image qu'on veut donner aux autres. J'aime la musique pour ce qu'elle est, mais je ne pourrais jamais totalement dissocier un groupe de ce qu'il dégage, chilll ou unchill.

La musique est un média beaucoup trop immédiat pour que je laisse une chance à un musicien avant de sauter directement à un autre dès que j'entends qu'ils ont un mauvais chanteur. Il y a des groupes qui grimpent lentement vers toi, jusqu'à ce que tu les comprennes et que tu les laisses éjaculer dans tes oreilles. 

Le facteur chill, lui, provoque tout d'un coup un amour pour un morceau qui est un peu indéfinissable, uniquement selon l'image que se donne l'artiste et les trois premières secondes d'un morceau. Avec les mp3, on peut s'immerger immédiatement dans la musique de quelqu'un. Je ne veux pas que toute la musique soit comme ça, je ne veux pas que les films soient tous comme ça, mais j'ai accepté que dès qu'un truc se dématérialise, il faut que ça se passe immédiatement. Et mon attention, pour la musique, selon les périodes, se dissipe extrêmement vite. Si c'est chill, j'écoute un peu plus attentivement. Pas assez chill, la tentation est forte de supprimer ce fichier que je n'ai échangé contre rien et qui n'a, du coup, aucune valeur.

Alors j'essaie d'être exigeant, et de ne pas écouter trop de choses sans les écouter, sinon on ne s'en sort plus. Radiohead, à force, deviendra peut-être quelque chose d'important pour moi. Il sera toujours là, au fond, et ça ne me gène pas de découvrir le truc après coup, vu que c'est déjà un groupe important. Mais c'est quoi un groupe important? Radiohead, The Cure, Aphex Twin, Joy Division, ces trucs-là, c'est pas si facile de les aimer, parce que ton père t'en parle parfois. Ton père a déjà eu ton âge, tu sais. Maintenant il n'aime plus son travail.

Est-ce qu'il aurait fallu écouter Radiohead plus tôt que demain?
Est-il « trop tard » en général? Ai-je oublié de vivre?
C'est fini, Grimes?
Faut-il écouter ses parents?
Parle-t-on déjà trop du collège et de nos parents sur Chill & Relevant? 


prochaine partie : familiarité, nouveauté, chillness, relevance

1 commentaire:

  1. later and forever10 juin 2012 à 02:45

    Ce blog tente vraiment de faire du HRO français (cf les images et les questions en fin d'article), et c'est plutôt réussi (ça change du style HRO).

    RépondreSupprimer

Balance ton tchip